Si la connaissance crée parfois des problèmes, ce n'est pas l'ignorance qui permet de les résoudre
La Science Made In Trump : Un Guide Pour Saborder La Recherche Climatique
L’administration Trump vient d’ajouter une nouvelle perle à son collier d’exploits climatiques : interdire aux scientifiques fédéraux de participer au rapport du GIEC. Un peu comme si on décidait de combattre un incendie en congédiant les pompiers et en coupant l’eau.

L’Art du Démantèlement Climatique
Le criminel a la tête de la Maison Blanche n’en est pas à son coup d’essai. Son palmarès impressionnant inclut :
- La nomination de climatosceptiques notoires à des postes clés de l’EPA (Environmental Protection Agency)
- Le démantèlement de plus de 100 réglementations environnementales lors de son premier mandat
- La promotion active des énergies fossiles (forage gazier et pétrolier dans les forêts nationales et à proximité des monuments et parcs nationaux et de la réserve faunique nationale de l’Arctique.
Trump, qui a qualifié le changement climatique de « canular » ne nomment évidemment que des climatosceptiques
Scott Pruitt a été nommé à la tête de l’EPA en 2016. Il était connu comme un critique virulent de la science climatique et un opposant farouche à l’action gouvernementale sur le changement climatique. En tant que procureur général de l’Oklahoma, il avait mené l’opposition juridique aux politiques climatiques d’Obama.
Plus récemment, Lee Zeldin a été confirmé comme directeur de l’EPA en janvier 2025. Pendant son audition de confirmation, il a évité de s’engager sur des politiques spécifiques et est resté vague sur la question du changement climatique. En 2022, il a soutenu un amendement qui aurait réduit le budget de l’EPA, a voté pour le retrait des États-Unis de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
L’administration Trump a systématiquement nommé des personnes partageant son scepticisme sur le changement climatique à des postes clés. Ces nominations ont eu un impact direct sur les politiques environnementales, notamment :
- Le remplacement de dizaines de scientifiques dans les conseils consultatifs clés par des représentants de l’industrie
- L’annulation d’interventions de scientifiques de l’EPA lors de conférences sur le climat
- L’examen minutieux des propositions de subventions contenant les mots « changement climatique ».
Les nouvelles mesures anti-climatiques depuis le début de son deuxième mandat
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier 2025, Trump a pris plusieurs mesures radicales contre la lutte climatique :
Mesures Immédiates (Janvier 2025)
- Retrait des États-Unis de l’Accord de Paris dès le premier jour
- Déclaration d’une « urgence énergétique nationale » pour accélérer l’exploitation pétrolière
- Arrêt de tous les projets d’éoliennes offshore
- Réouverture de l’Arctic National Wildlife Refuge pour le forage pétrolier
Démantèlement Réglementaire
- Mise en place d’une règle « 10 pour 1 » : pour chaque nouvelle réglementation, 10 anciennes doivent être supprimées
- Suppression de l’utilisation du « coût social du carbone » dans les décisions fédérales
- Effacement des informations climatiques critiques des sites web gouvernementaux
Impact sur les Agences Scientifiques
- Réduction drastique du financement de la recherche climatique
- Projet de démantèlement de la NOAA (agence météorologique)
- Menace de restriction ou définancement de la division Sciences de la Terre de la NASA
Conséquences Projetées
Ces politiques pourraient augmenter les émissions américaines de 2 à 4 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2030, compromettant sérieusement l’objectif mondial de limitation du réchauffement à 1,5°C.
Le GIEC : Cet Ennemi du Peuple
Imaginez un peu : des milliers de scientifiques qui travaillent bénévolement (Ils dépendent uniquement des salaires versés par leurs institutions d’origine) pendant des années pour synthétiser la recherche climatique mondiale. Scandaleux, n’est-ce pas ? Kate Calvin, scientifique en chef de la NASA, devra donc ranger son PowerPoint et annuler son voyage en Chine. Après tout, pourquoi participer à une réunion internationale dans le but de sauvegarder nos conditions de vie ?
Les pieds dans l’eau c’est agréable non ?
Pendant ce temps :
- 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée…
- … Jusqu’à ce que l’année 2024 ne la batte à son tour
- Les catastrophes climatiques se multiplient à un rythme sans précédent
- La biodiversité est menacée
- Le niveau des océans continue de monter, menaçant les côtes. Trump qui affirme que la montée des eaux créera « plus de propriétés en bord de mer » devrait bientôt être ravi d’avoir les pieds dans l’eau dans sa résidence de Mar-a-Lago car d’après la National and Oceanic Atmospheric Administration (NOAA), d’ici 2050, les inondations « modérées » – celles qui causent des dommages – se produiront plus de 10 fois plus souvent qu’aujourd’hui en moyenne.
La Stratégie du « Ce Que Je Ne Vois Pas N’Existe Pas »
Comment ne pas mettre en péril les projets du mégalo fasciste aux vue expansionnistes ? Il suffit de laisser les problèmes aux suivants et de forcer tous les scientifiques fédéraux à mettre la tête dans le sable !
Après tout c’est cohérent, vu son manque d’empathie, son âge très avancé et ses privilèges, ce n’est pas lui qui en fera les frais.
Et puis ces milliers de scientifiques aux longues études, de diverses disciplines, nationalités, époques, instituts qui affirment depuis des décennies qu’il y a bien un réchauffement climatique et qui sont sûrs depuis au moins 15 ans qu’il est bien d’origine humaine ne sont forcément que des « wokes de l’état profond » !
Le rôle des Etats-Unis dans ce réchauffement
Les émissions « territoriales » ou « de production » : méthode traditionnelle qui compte uniquement les émissions produites sur le territoire
La Chine est actuellement le plus grand émetteur de CO2 au monde, représentant plus de 34% des émissions mondiales de CO2 en 2023.
Les États-Unis arrivent en deuxième position (12,0%) avec environ 4,68 millions de kilotonnes de CO2 émises en 2023, soit environ trois fois moins que la Chine qui a émis 13,26 millions de kilotonnes.
Cependant, il est important de noter que sur le plan historique, les États-Unis ont émis beaucoup plus de CO2 que la Chine. Depuis 1750, les États-Unis ont produit plus de 430 milliards de tonnes métriques d’émissions cumulées de dioxyde de carbone.
En termes d’émissions par habitant, les États-Unis restent parmi les plus gros émetteurs avec 13,83 tonnes de CO2 par habitant en 2023, ce qui est significativement plus élevé que la Chine (9,24 tonnes par habitant).
Les performances climatiques des États-Unis sont considérées comme très faibles, le pays se classant 57e dans l’indice de performance climatique actuel.
Les émissions « basées sur la consommation » : incluent les émissions liées aux biens importés et excluent celles des biens exportés
Les chiffres traditionnels d’émissions de CO2 par pays ne prennent généralement pas en compte les émissions liées aux importations.
En plus des émissions territoriales généralement déclarées, les statisticiens calculent également les émissions « basées sur la consommation ». Ces émissions sont ajustées en fonction des échanges commerciaux.
Impact sur les Bilans Réels
Quand on prend en compte les émissions liées au commerce en 2014 :
- Les émissions américaines étaient 6% plus élevées que les chiffres officiels et étaient le premier importateur net de CO2
- Les émissions chinoises étaient 13% plus basses
- Certains pays européens ont vu leurs émissions augmenter de plus de 30%
- La Suisse a vu ses émissions tripler (+209%) une fois les importations comptabilisées
L’empreinte carbone par habitant (en 2018) est significativement différente quand on inclut les importations :
- 11 tonnes de CO2 par habitant avec les importations pour l’Union Européenne
- 8 tonnes pour la Chine
- 21 tonnes pour les États-Unis
Et Pendant Ce Temps…
Le reste du monde va devoir continuer ses efforts pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, comme prévu dans l’Accord de Paris, s’il n’est pas déjà trop tard pour ce seuil. Un accord que Trump a quitté deux fois – parce qu’une fois ne suffisait apparemment pas pour faire passer le message.
La vraie question maintenant est : que restera-t-il de la recherche climatique américaine après ce nouveau coup de boutoir ? Les scientifiques américains, leaders mondiaux dans de nombreux domaines climatiques, se retrouvent muselés alors que leur expertise n’a jamais été aussi cruciale.
Mais ne vous inquiétez pas, le changement climatique, comme l’a si bien dit Trump, « finira par se refroidir, vous verrez » . Une analyse scientifique profonde qui vaut bien tous les rapports du GIEC réunis, n’est-ce pas ?