Si la connaissance crée parfois des problèmes, ce n'est pas l'ignorance qui permet de les résoudre
QI et races dans l’espèce humaine ?
En cette période de deuil pour beaucoup de racistes français, ont-ils raison lorsqu’ils parlent d’existence de races et de différences de QI suivant la race ?
Vous n’êtes probablement pas sans savoir que Jean-Marie Le Pen, leader du « Front National » (ancêtre du « Rassemblement National ») est mort ce Mardi 7 Janvier 2025, et comme à chaque fois qu’une célébrité décède, les hommages sont nombreux et donnent souvent l’impression que le fait de mourir rend tout le monde génial au point d’en occulter totalement les actes et paroles du défunt.

On en arrive même à trouver une proposition de Community Note sur le réseau social « X », prétendant qu’un tweet d’information n’a d’autre but que de salir la mémoire d’un homme qui vient de mourir alors que la vidéo du tweet sur laquelle est adossée cette note, ne fait que rappeler une affirmation de Jean-Marie Lepen, qui disait en 1987 lors de l’émission Grand-Jury RTL-Le Monde, que les chambres à gaz n’étaient qu’un « point de détail » de la seconde guerre mondiale et qu’il n’y avait pas de preuves de l’existence de ces chambres à gaz.

Comme si le fait qu’il vienne de mourir empêchait de rappeler ses propos, qu’il a d’ailleurs maintenus en 2015 sur BFMTV face à Jean-Jacques Bourdin.
Le sujet de cet article n’est pas de résumer tous les actes et propos problématiques de Jean-Marie Le Pen, mais de mettre en lumière le premier des deux points régulièrement évoqués par les racistes/antisémites/nazis. Il y aurait selon eux des races au sein de l’espèce humaine. Est-ce prouvé scientifiquement ?
Non, il n’existe aucune preuve scientifique validant l’existence de races biologiques distinctes dans l’espèce humaine. Les recherches génétiques modernes ont définitivement invalidé ce concept pour plusieurs raisons fondamentales :
Homogénéité génétique exceptionnelle
99,9% de l’ADN est rigoureusement identique entre deux êtres humains quelconques, ce qui démontre une homogénéité génétique exceptionnelle chez les humains à l’échelle mondiale. Une homogénéité bien plus grande que dans beaucoup d’espèces animales comme les singes ou les chiens.
Les constats majeurs qui réfutent scientifiquement la notion de races :
- La diversité génétique est plus importante entre individus d’une même population qu’entre populations différentes.
- Deux populations africaines présentent en moyenne plus de différences génétiques entre elles qu’une population européenne et une population asiatique.
- L’étude des génomes complets de différentes parties du monde a montré que même entre l’Afrique et l’Europe, par exemple, il n’existe pas une seule différence génétique absolue, c’est-à-dire qu’il n’existe pas de variante unique où tous les Africains auraient une variante et tous les Européens une autre.
- Les quelques dizaines de mutations responsables des différences de couleur de peau ne prédisent pas les autres variations morphologiques, physiologiques ou immunitaires.
- Les nuances de couleurs de peau sont principalement dues à une adaptation sur le long terme à l’intensité de l’ensoleillement dans les différentes régions du globe.

Origine unique africaine
Les recherches démontrent que tous les humains actuels descendent d’une population africaine commune. Notre espèce est apparue en Afrique il y a environ 300 000 ans, et y est restée pendant 200 000 ans avant de se disperser progressivement sur la planète.
La notion de « race » relève donc d’une construction sociale et idéologique, sans aucun fondement biologique. Les différences physiques observables entre populations humaines ne représentent qu’une infime partie de notre diversité génétique et ne justifient en rien l’existence de subdivisions raciales de notre espèce.
Consensus scientifique actuel
Le consensus scientifique rejette catégoriquement l’existence d’arguments biologiques pouvant légitimer la notion de « race ». Cette conclusion a été confirmée de manière définitive en 2000 lors du séquençage complet du génome humain, amenant le généticien Craig Venter à déclarer que « le concept de race n’a aucun fondement génétique ou scientifique ».
Il suffit d’ailleurs de regarder l’arbre phylogénétique de l’espèce humaine tiré d’une étude parue dans Nature en 2016, pour rapidement se rendre compte de l’absurdité du concept de races

La chaine Youtube « Entracte Science » a fait une très bonne vidéo sur le sujet
Il existe également la vidéo de la chaine Youtube « Homo Fabulus »
Pas de races, donc pas de différences de QI ?
En ayant montré que les races n’existent pas, il paraitrait logique de disqualifier automatiquement l’argument selon lequel il y aurait des différences de Quotient Intellectuel suivant les races. Sauf que les racistes, toujours à la recherche de « signes » pouvant leur donner raison, déforment souvent les faits et en font leurs interprétations.
C’est ce qui est arrivé encore récemment avec le député Alexandre Allegret-Pilot (UDR) qui a diffusé sur « X » le 26 Décembre 2024, une carte censée montrer une « hiérarchisation intellectuelle des races ».

Publications Problématiques
Cette carte est apparue suite à la publication en 2002 de l’ouvrage «IQ and the wealth of nations», écrit par le psychologue Richard Lynn et en 2006 de « IQ and Global Inequality« , qu’il a co-écrit avec le chercheur en sciences politiques Tatu Vanhanen, un ouvrage publié par une maison d’édition nationaliste blanche qui prétend établir un lien entre le QI moyen des nations et leur développement économique. Cette publication a été largement critiquée pour sa méthodologie douteuse et ses conclusions non fondées scientifiquement.
Et ce ne sont pas ses seules publications qui ont posé problème par la suite comme ici et ici
Richard Lynn a défendu plusieurs thèses considérées comme racistes et sexistes:
- Il affirme l’existence de différences d’intelligence innées entre les « races »
- Il soutient que les hommes auraient un QI supérieur aux femmes
- Il prône l’eugénisme pour les groupes qu’il considère comme génétiquement inférieurs
Les travaux de Lynn ont été largement réfutés par la communauté scientifique :
- Utilisation de données incomplètes ou biaisées
- Méthodologie défectueuse
- Attribution causale injustifiée entre corrélations
Ses affiliations douteuses:
- Président du Pioneer Fund, une organisation considérée comme suprémaciste
- Contributeur à des publications d’extrême-droite comme American Renaissance
- Rédacteur pour Mankind Quarterly, une revue pseudo-scientifique promouvant le racisme
En juillet 2020, l’Association Européenne du Comportement et de l’Évolution Humaine a officiellement pris position contre l’utilisation des données de Lynn sur le QI national.
Sanctions académiques
En 2018, l’Université d’Ulster lui a retiré son titre de professeur émérite suite aux protestations des étudiants concernant ses positions.
Des variations dans les test de QI suivant la méthodologie et l’environnement
Comme l’explique Franck Ramus, chercheur au CNRS & ENS-PSL, dans son article de blog, « il est difficile de comparer les scores des tests entre pays, car un test conçu dans un pays n’est pas nécessairement adapté à une autre culture ». De plus, « les pays diffèrent aussi considérablement sur d’autres facteurs environnementaux qui ont un effet prouvé sur le développement cognitif de l’enfant, notamment la nutrition et l’exposition à des maladies, et ce aussi bien pendant la période prénatale que post-natale. Par exemple, une étude a montré que la prévalence des maladies infectieuses expliquait à elle seule environ 60% des différences de QI moyen entre nations ».
Cette incidence de facteurs environnementaux a été prouvée dans une méta-analyse de 2018.
Se défaire du vocabulaire racisant ?
D’après Claude Olivier Doron, historien et philosophe des sciences, le terme de race n’est pas seulement utilisé par des personnes aux idées racistes. Par maladresse, certaines personnes utilisent ce terme ou des dérivés, les enracinant un peu plus dans le vocabulaire courant, faisant malgré eux, le jeu des racistes: